Comment la course de l'Europe vers la souveraineté énergétique impactera-t-elle le secteur des infrastructures de transition énergétique ?
La seule source d'énergie que nous n'importons pas est renouvelable, qu'elle soit éolienne ou solaire. Donc le seul moyen de devenir indépendant et autonome du point de vue de l'approvisionnement énergétique, c'est de transitionner vers plus d'énergie renouvelable.
L'Europe a réalisé au cours des deux, trois dernières années, le grand besoin qu'elle a de devenir indépendante du point de vue énergétique. Cela a principalement commencé avec la guerre en Ukraine, où nous avons réalisé que notre dépendance au gaz russe était critique.
Si l'on prend l'Allemagne par exemple, qui est passée du nucléaire aux énergies renouvelables, mais avec une transition dépendante des importations de gaz, elle a beaucoup souffert de l'interdiction et de l'augmentation des prix du gaz qui ont eu lieu après la guerre.
Donc, c'est le seul moyen de devenir indépendant et autonome du point de vue de l'approvisionnement énergétique, c'est de transitionner vers plus d'énergie renouvelable. C'est une énorme opportunité d'investissement.
Quelles technologies et quels secteurs des énergies renouvelables seront cruciaux ?
Et si vous regardez la pénétration de l'électricité dans le mix énergétique global, comme nous pouvons décarboniser l'électricité, il est également critique que nous décarbonisions les autres sources de consommation énergétique.
- Tout d'abord, nous pouvons prendre le secteur du transport, et c'est un changement technologique qui est en cours. Nous sommes en train de passer du transport à base de combustibles fossiles au transport à base d'électricité.
- L'autre sous-secteur important que nous pouvons décarboniser est celui des bâtiments, passant de systèmes de chauffage ou de refroidissement à base de combustibles fossiles vers l'électricité. Et nous voyons, par exemple, que de plus en plus de maisons privées sont chauffées par électricité au lieu des anciens systèmes de chauffage à base de combustibles.
- La dernière opportunité est, afin de décarboniser l'industrie, qui est un secteur énorme, environ un tiers de la consommation totale, c'est le déploiement et le développement de l'hydrogène vert. L'hydrogène vert a besoin aujourd'hui de davantage d'investissements afin de passer à l'échelle et d'obtenir la réduction des coûts qui vient avec l'économie d'échelle.
Quels sont les principaux défis auxquels les pays européens sont confrontés pour atteindre la souveraineté énergétique ?
L'énergie est un secteur réglementé. Donc, le premier élément important, c'est la stabilité politique, et je dirais l'impulsion politique. Nous avons clairement au niveau européen, une forte volonté d'améliorer la pénétration de l'énergie renouvelable dans le mix et de réduire notre empreinte carbone, mais il faut également que cela soit stable au niveau des pays.
Et nous avons vu que ce n'est pas toujours le cas, c'est un sujet très sensible sur le plan politique, l'énergie, et par conséquent, il y a beaucoup de retards dans la mise en œuvre de la réglementation européenne. La transition énergétique est une énorme opportunité mais elle comporte également des défis.
Donc, un défi que nous avons, auquel nous sommes confrontés, c'est le développement de la transmission et du réseau. Passer d'une production d'énergie très centralisée à une production d'énergie renouvelable décentralisée signifie que vous devez complètement transformer votre réseau et votre transmission. Dans de nombreux pays en Europe, prenez l'Espagne, prenez le Portugal, prenez la Pologne, le facteur limitant aujourd'hui est le réseau.
Une autre opportunité que cela crée, c'est le stockage. Car l'augmentation de la pénétration de l'énergie renouvelable dans le réseau crée, comme elle est intermittente, beaucoup de pression, et d'instabilité dans le réseau. Et nous avons vu, il y a eu un événement en Espagne récemment où il y a eu une pénurie, une coupure pendant une demi-journée. À cause, nous ne savons pas exactement pourquoi, mais certainement à cause de la pression de l'intermittence dans le réseau.
Donc, une façon de stabiliser le réseau, est de développer le stockage. Et c'est un mouvement massif en Europe en ce moment, il y a des réglementations en place afin que les développeurs, les entreprises de production puissent développer des capacités de stockage massives qui sont utilisées pour alimenter le réseau et stabiliser le réseau. Et c'est très important si nous voulons être capables d'augmenter la pénétration de l'énergie renouvelable dans son ensemble.
Un autre élément très important, qui est également une opportunité, c'est la gestion de la demande ou la digitalisation de l'énergie renouvelable produite quand il y a du vent et quand il y a du solaire. Il existe aujourd'hui des moyens d'adapter la demande au pic de production.
Les récentes politiques dirigées par les États-Unis ont-elles un impact sur votre approche ?
L'approche de Mirova sur la transition énergétique n'a pas vraiment été impactée dernièrement par les tarifs douaniers imposés par les États-Unis parce que tout d'abord, nous n'avons pas d'investissements aux États-Unis. Nous n'importons rien des États-Unis et par conséquent, ce qui se passe aux États-Unis, n'impacte pas vraiment ce qui se passe en Europe.
L'Europe continue d'avoir un engagement total en faveur de la transition énergétique, non seulement en raison de la décarbonation, mais aussi pour la souveraineté énergétique comme nous l'avons expliqué précédemment. Donc, nous ne voyons pas vraiment de grands impacts pour l'instant.
Ensuite, comment ces discussions évolueront sur ces tarifs de douane, nous ne savons pas. Cela va et vient et il y a beaucoup d'évolutions. Là où nous pourrions voir un impact, c'est ce qui va se passer pour les importations que nous faisons de la Chine, par exemple, dans le solaire, la plupart des panneaux viennent de Chine.
Nous ne parlons pas d'avoir des barrières ou des liens entre l'Europe et la Chine, mais la relation entre la Chine et les États-Unis peut avoir un impact sur les prix que nous allons avoir sur ces panneaux venant de Chine. La tendance pour nous est que cela devrait faire baisser les prix parce que si les États-Unis cessent d'importer des panneaux de Chine, alors il y aura une offre diversifiée et nous devrions en bénéficier financièrement.
