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Y aurait-il un exceptionnalisme européen ? (Edmond de Rothschild AM)

04/03/2025

Analyse de marché

  • Le marché actions américain a chuté de près de 4% en raison des incertitudes commerciales et de la dissipation de l'enthousiasme autour de la thématique de l'intelligence artificielle.
  • D. Trump alimente l'incertitude et la volatilité sur les marchés avec ses déclarations contradictoires sur les droits de douane, en maintenant la date du 4 mars pour l'application des tarifs sur le Canada et le Mexique, tout en augmentant de 10% ceux sur la Chine.
  • Le contexte géopolitique incite les pays européens à accroitre leurs budgets de défense, ce qui pourrait se traduire par un allégement des contraintes fiscales européennes.

Dans un contexte international de plus en plus difficile, les marchés actions européens continuent de faire preuve d’une remarquable résilience, ne cédant que très peu de terrain la semaine dernière au moment même où la correction de leurs pairs américains s’est, elle, accélérée. Ces derniers ont effet accusé un recul de près de 4% lié à la fois à l’intensification de l’incertitude commerciale et au dégonflement de l’optimisme autour de la thématique « intelligence artificielle » après les résultats de Nvidia.

Concernant le volet commercial, D. Trump continue de souffler le chaud et le froid sur la mise en place des droits de douane et ses annonces alimentent la confusion et la volatilité sur les marchés. Alors que de premières informations semblaient indiquer que la date de mise en œuvre des tarifs sur le Canada et le Mexique serait décalée à début avril, le président américain a non seulement confirmé que celle-ci était maintenue au 4 mars mais aussi annoncé que les tarifs sur la Chine seraient relevés de 10%. Ceci vient s’ajouter à la hausse de 10% déjà mise en place sur les produits chinois depuis un mois et constitue une escalade majeure dans la guerre commerciale entre Washington et Pékin. Si les marchés actions chinois se montraient résilients jusqu’ici, cette dernière salve a fini par alimenter les inquiétudes des investisseurs et entraîner une chute des indices locaux en fin de semaine. Le contraste est ainsi d’autant plus frappant avec leurs pairs européens qui ont à peine réagi à une autre déclaration de D. Trump évoquant un relèvement des droits de douane de 25% sur les exportations européennes, notamment sur le secteur automobile. Les investisseurs semblent ainsi ne pas prendre au sérieux cette menace alors que le président américain est coutumier des volte-face et tablent probablement sur l’émergence d’un compromis à l’issue des négociations entre les deux parties.

En attendant, ils saluent plutôt les bonnes nouvelles sur le Vieux-continent, en particulier l’amélioration notable des statistiques économiques, à l’instar des ventes au détail en Allemagne ressorties largement au-dessus des attentes, et des signaux particulièrement rassurants sur l’inflation notamment en France où celle-ci a atteint son plus bas niveau en 4 ans (0,9% en glissement annuel). Si une baisse des taux directeurs de la BCE jeudi prochain ne fait guère de doute, ceci renforce surtout les attentes d’assouplissement monétaire pour le reste de l’année, avec désormais -87 pb de baisse des taux directeurs anticipée d’ici décembre, ce qui se reflète dans la nette rechute des taux souverains européens.

L’autre sujet qui entretient l’optimisme en zone euro est la perspective d’un accord en Ukraine, V. Zelensky ayant finalement accepté l’offre de D. Trump sur les minerais ukrainiens, ouvrant ainsi la voie à des négociations avec la Russie pour mettre fin à la guerre. Quelle qu’en soit l’issue, le contexte géopolitique incite les pays européens à accroître sensiblement leurs budgets de défense, ce qui pourrait se traduire par un allégement des contraintes fiscales européennes. A ce titre, il convient de noter qu’aux Etats-Unis, le texte budgétaire porté par les Républicains, et visant notamment à prolonger les réductions fiscales du premier mandat de D. Trump, a franchi une première étape à la Chambre des représentants, non sans difficulté du fait des désaccords au sujet de son enveloppe de 4.500 MM$ et de l’absence de coupes budgétaires pour compenser. Ceci ne constitue toutefois pas un soutien additionnel pour les entreprises américaines et ne devrait pas donc pas avoir d’effet considérable sur la croissance, tandis que le reste des mesures de l’administration Trump devrait contribuer à un ralentissement de l’activité. 
Ces risques nous semblent insuffisamment intégrés par les marchés actions et nous incitent à la prudence en restant sous-pondérés, avec une préférence relative pour la Chine qui bénéficie des mesures annoncées par les autorités ces derniers mois et du regain d’intérêt pour le secteur de la technologie local.

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