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Bourse : une odeur de souffre (Pictet AM)

08/04/2025

Les actions américaines n’ont pas le vent en poupe. Pourtant, des valorisations désormais attrayantes devraient vous inciter à regarder de plus près les opportunités d’achat, une fois que la tempête liée aux nouveaux droits de douane sera passée. Découvrez les convictions de Christopher Dembik, senior investment adviser chez Pictet Asset Management, pour le mois d'avril 2025.

Après deux années exceptionnelles, la bourse américaine avait besoin d’une respiration. L’Europe en a profité pour tirer son épingle du jeu jusqu’à ce que l’administration Trump dégaine de nouveaux droits de douane. 

Les actions européennes brillent

Au cours du premier trimestre, le momentum était clairement du côté de l’Europe. Les actions européennes ont superformé les actions américaines. Sur la période, le CAC 40 était en hausse de 8,9 %, le Dax allemand de 15% et l’IBEX espagnol de 14,6%* tandis que les principaux indices américains étaient dans le rouge. Les bonnes nouvelles économiques étaient au rendez-vous : inflation en baisse, plan de réarmement ambitieux, relance économique en Allemagne, amélioration de l’activité dans le secteur manufacturier, baisse des taux et possible paix en Ukraine etc. Tout semblait sourire à l’Europe. 

Malheureusement, toute bonne chose a une fin. La décote des actions européennes s’est fortement atténuée. Lorsque la rotation géographique a commencé en janvier, le différentiel de valorisation était de 40% entre les actions américaines et les actions européennes. Il n’était plus que de 23% fin mars – soit proche des niveaux d’avant-Covid, lorsque les actions européennes étaient décotées en moyenne de seulement 15% par rapport aux Américaines. C’est finalement Donald Trump qui a porté un coup fatal à la dynamique haussière des actions européennes. En dégainant de nouvelles taxes douanières le 02 avril, il a entraîné toutes les actions mondiales à la baisse. Le dollar s’est également effondré, beaucoup d’investisseurs redoutant une dévaluation unilatérale de la devise par l’administration républicaine. Sans surprise, dans un contexte d’aversion au risque, ce sont les valeurs refuge qui ont tiré leur épingle du jeu : le franc suisse, le yen japonais, l’or, à la surprise générale l’euro et également les actions des télécoms et des services aux collectivités qui sont moins vulnérables au contexte protectionniste actuel. À court terme, la situation sur le plan économique est peu lisible. Il va falloir plusieurs semaines avant d’y voir plus clair, notamment pour savoir l’ampleur des mesures de représailles. Par exemple, l’Union Européenne prévoit deux paquets de mesures en réaction au protectionnisme américain qui seront dévoilés vers mi-avril et vers fin avril. Cela laisse également le temps de commencer des négociations de fond. Il faut donc s’attendre à ce que la tendance baissière perdure en bourse dans l’immédiat et à ce que la volatilité reste à des niveaux élevés – le VIX, qui est l’indice de la peur pour les actions américaines, se situe en zone de turbulences au-dessus de 30 en ce début de mois. 

Les actions américaines n’ont pas dit leur dernier mot

À long terme, c’est une autre histoire. Une fois que la tempête boursière actuelle sera passée, des opportunités vont se présenter en bourse, notamment sur les actions américaines.

Qu’on le veuille ou non, les entreprises de l’IA sont cotées aux États-Unis, pas à la Bourse de Francfort et encore moins à la Bourse de Paris. Une étude du FMI, publiée au début du mois de mars, montre d’ailleurs à quel point un grand écart existe entre les entreprises technologiques américaines et celles européennes. Sur les deux dernières décennies, la productivité des entreprises technologiques américaines cotées a augmenté de 40% alors qu’elle a stagné pour les entreprises européennes. Comment expliquer cela ? En Europe, on investit peu dans la R&D, l’équivalent d’environ 3 à 4% des ventes contre plus de 12% aux États-Unis. Sur le temps long, cet écart de productivité crée un écart de richesse qui se perçoit au niveau du PIB par habitant (différentiel de 30 points de base entre le PIB par habitant en France et celui aux États-Unis !) mais également au niveau des résultats d’entreprises et de leur valorisation boursière.

Autre point important, les niveaux de valorisation sont désormais attrayants. En début d’année, la survalorisation des actions technologiques était un sujet. Ce n’est désormais plus le cas. Le ratio cours sur bénéfices de Nvidia se situe à 25. C’est un niveau qui constitue historiquement un point d’entrée majeur des acheteurs au cours des dernières années. D’autres entreprises sont encore moins chères. Le ratio cours sur bénéfice de Meta et d’Alphabet est respectivement à 23 et à 18. Il y a une seule exception : Tesla avec un ratio à 84. L’entreprise est clairement trop chère, malgré sa forte dégringolade boursière des dernières semaines. C’est pourquoi beaucoup d’institutionnels restent à l’écart.

Et pour rassurer les plus inquiets, gardez en tête qu’après chaque correction du Nasdaq, un rebond d’au moins 15% à partir du point bas a lieu. C’est systématiquement le cas sur les cinquante dernières années. Ce sera encore le cas cette fois-ci. Conclusion : soyez patient, faites le dos rond et soyez attentif aux opportunités qui se profilent sur le marché. À court terme, ça va être encore difficile. Mais d’ici quelques semaines voire quelques mois, ça devrait aller beaucoup mieux.

 

 



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