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Il est nécessaire d’accélérer la transition énergétique.

08/12/2021

Par Carmignac

Alors que les discussions organisées dans le cadre de la COP 26 viennent de se terminer, il est désormais urgent d’agir en faveur de la transition énergétique pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, estime Michel Wiskirski, gérant du fonds Carmignac Portfolio Green Gold.

 

Alors que la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) vient de se terminer, où en est-on de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 ?

 

Michel Wiskirski : Même si le tableau n’est pas totalement noir, les engagements qui ont été pris depuis une dizaine d’années représentent, selon l’Agence Internationale de l'Energie (AIE), moins de 20 % des efforts qu’il faudrait fournir pour atteindre l’objectif de neutralité carbone visé par l’Union européenne d’ici à 2050. Il est donc nécessaire d’accélérer la transition énergétique.

 

Comment expliquez-vous un tel retard ?

 

M.W. : Le monde n'investit pas suffisamment pour répondre à ses futurs besoins énergétiques. Si les dépenses liées à la transition augmentent progressivement, la dynamique est insuffisante et les moyens alloués sont beaucoup trop faibles pour faire face à la demande de services énergétiques de manière durable. 

 

Il s’agirait donc avant tout d’un manque d’investissement ?

 

M.W. : Le financement est clairement le chaînon manquant. Il y a de grandes annonces politiques qui sont faites. Mais dès qu’il faut les mettre en œuvre, on voit que les bonnes intentions ne sont pas suivies d’effet. Il ne faut pas sous-estimer les lenteurs bureaucratiques, comme c’est le cas en particulier en Allemagne et aux Etats-Unis. 

 

Vous parlez d’un manque de financement. Qu’en est-il concrètement ?

 

M.W. L’Accord de Paris adopté il y a maintenant six ans vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. Pour atteindre cet objectif - rappelé par la COP 26 -, les investissements annuels dans les projets et les infrastructures en énergies propres devraient s’élever à près de 4 000 milliards de dollars d’ici 2030 selon l’AIE. Les investissements effectués à ce jour ne représentent que quelques centaines de millions par an seulement. 

Ce manque d’investissement dans les énergies vertes explique-t-il la hausse des prix du gaz et du pétrole que l’on observe depuis plus d’un an ?

 

M.W. : Plusieurs facteurs expliquent cette hausse des prix. Le manque d’investissement dans les énergies vertes n’est pas la seule explication. Cependant, l’insuffisance de développement et de mise en route de nouvelles structures de production d’énergies renouvelables fait très clairement partie de l’équation car les besoins en énergie sont revenus aujourd’hui à un niveau très proche de celui d’avant la crise de la Covid-19. Or nos capacités actuelles de production d’énergies fossiles et renouvelables est insuffisante pour satisfaire cette demande. Si l’on souhaite réussir la transition énergétique, il ne faut pas réduire la voilure sur les énergies fossiles sans augmenter fortement les investissements dans les énergies renouvelables en parallèle. Actuellement, trop peu de projets permettant le développement d’énergies alternatives ont été lancés. Dans un tel contexte, et afin d’éviter de créer un nouveau problème en en résolvant un autre, la transition énergétique se doit d’être inclusive. 

 

Que voulez-vous dire ?

 

M.W. : La production de l’énergie est une chaîne très complexe à l’échelle mondiale. De nombreux acteurs sont impliqués. Et il ne suffit pas d’interdire la vente des chaudières à gaz ou des voitures à moteur diesel, ou encore de mettre fin à l’exploitation de nouvelles mines de charbon pour relever le défi de la transition énergétique. Il faut également impliquer les compagnies pétrolières et gazières afin qu’elles produisent suffisamment pour répondre aux besoins tout en émettant moins de CO2. L’enjeu est de taille car elles font aussi partie de la réponse à apporter dans un cadre transitoire, particulièrement dans le contexte actuel de sous-investissements. C’est l’ensemble des efforts déployés tout au long de la chaîne de production - de l’extraction des combustibles fossiles jusqu’aux alternatives propres à la pompe - qui peuvent faire la différence et qui doivent être suivis et encouragés.

 

La fin des énergies fossiles n’est donc pas pour tout de suite…

 

M.W. : Non, car l’économie mondiale en a encore besoin. S’agissant du pétrole, jusqu’à ce qu’une solution de remplacement soit trouvée, la demande va encore exister pendant de nombreuses années. Elle devrait même croître d’ici 2030, avant de commencer à décliner. Par la suite, nous nous attendons à une forte baisse de cette demande – elle pourrait chuter de 75 % à l’horizon 2050 par rapport au niveau de 2020 - avec, par exemple, une moindre utilisation dans la production de matières plastiques ou le développement des véhicules électriques.

 

Qu’en est-il du gaz ? 

M.W. : Il faut souligner le rôle crucial que devrait jouer le gaz dans la transition énergétique. En effet, si nous devons produire davantage d'énergies renouvelables, nous avons aussi besoin en parallèle d'une source stable comme le gaz naturel et le nucléaire pendant cette période de transition. Il faut donc investir pour accroitre notre capacité de production de gaz naturel ; d’autant qu’il figure dans la « Taxonomie européenne[1] » comme étant un élément clé de la transition énergétique et parmi les sources d'énergie verte du bouquet énergétique de demain. Mais au-delà des considérations économiques de la production de pétrole et de gaz, il y a également une dimension sociale à ne pas négliger.

 

C’est-à-dire ?

 

M.W. : C’est souvent ignoré mais environ 40 millions de personnes dans le monde travaillent directement pour l’industrie pétrolière et gazière, tandis que de nombreuses régions au sein des pays en développement prospèrent ou dépendent uniquement de ce secteur. Pour toutes ces raisons, il faut donc réfléchir à la meilleure façon d’accompagner ce secteur dans les années à venir pour aider l’économie mondiale à relever le défi de la transition énergétique.

 

Quid des nouvelles technologies dont certains dénoncent la consommation en énergie ? Ne peuvent-elles pas être utiles ?

 

M.W. : S’il existe bien évidemment des exceptions, comme les cryptomonnaies par exemple qui sont très énergivores, les nouvelles technologies sont essentielles à la transition énergétique. Elles sont la condition sine qua non si l’on souhaite atteindre l’objectif de neutralité carbone. C’est grâce à elles que nous pourrons faire face à l’enjeu du stockage des énergies renouvelables, utiliser l’hydrogène comme source d’énergie, ou encore capter le CO2 dans l’air et le stocker dans le sous-sol de la Terre.

 

Qu’il s’agisse des nouvelles technologies ou d’une solution transitoire, les décideurs politiques ont ici un rôle clé à jouer…

 

M.W. :  Exactement. Leur impulsion est primordiale, et l’agenda politique de cette deuxième partie d’année est très riche en matière d’environnement. En juillet, l’Union européenne a détaillé une feuille de route pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % à l'horizon 2030 par rapport à 1990. Outre Atlantique, l’administration Biden a depuis le début de son mandat fait du climat l’une de ses priorités fondamentales ; si bien que des mesures importantes devraient figurer soit dans le plan à venir sur les infrastructures, soit sous une autre forme. Mais, le point culminant de cet agenda climatique fut bien évidemment la COP 26. Il faudra voir ce qu’il en est de la concrétisation de toutes ces annonces.

 

Comment de votre côté gérez-vous ce sujet de la transition énergétique ?

 

M.W. : Il y a tout d’abord une approche globale chez Carmignac reposant sur notre capacité à investir, à s’engager et à influer sur les décisions de gouvernance d’entreprise à tous les niveaux. Ensuite, nous avons un fonds spécialisé Carmignac Portfolio Green Gold qui investit dans trois thématiques permettant de faire face aux enjeux de la transition énergétique et d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 : 1) Les producteurs d’énergies propres, i.e. les sociétés proposant des solutions de production d’énergies renouvelables ; 2) Les « facilitateurs », c’est-à-dire les sociétés qui nous aident à décarboner tous les segments de notre économie, y compris celles n’étant pas perceptibles de façon immédiate et intuitive ; 3) Les acteurs clés de la transition, des sociétés jugées comme étant problématiques sur le plan environnemental mais que nous aidons à relever le défi du développement durable car nous pensons qu’elles peuvent apporter une solution à condition d’être accompagnées. 

 

                                                  EN SAVOIR PLUS

 

[1] La Taxonomie européenne est un règlement européen visant à établir une classification des activités économiques permettant de déterminer celles qui peuvent être considérées comme « durables sur le plan environnemental » ou « vertes » (Source : Banque de France)



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