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La méthode Trump : souffler le chaud et le froid (Natixis IM)

11/06/2025

Retrouvez la revue mensuelle de Natixis Investment Managers à fin mai 2025.

Le 8 mai, la Grande Bretagne et les Etats-Unis ont annoncé être parvenus à un accord commercial où les Etats-Unis s’engagent à diminuer leurs droits de douane sur plusieurs produits (notamment l’acier, l’aluminium et l’automobile) en échange d’une ouverture plus large du marché britannique aux denrées agricoles américaines. Dans la foulée, les négociateurs chinois et américains sont également parvenus à un premier accord qui prévoit respectivement des droits de douane réciproques de 34% pour les exportations chinoises et de 10% pour les exportations américaines, contre 145% et 125%, pour une période de 90 jours.  

Toutefois, le Président des Etats-Unis s’est de nouveau illustré en attaquant la zone euro avant d’opérer un rétropédalage. Le 23 mai Donald Trump annonçait que les taxes douanières vis-àvis des exportations européennes pourraient atteindre 50%. Cette décision a été suspendue dans les 48 heures. Cette stratégie, qui consiste à souffler le chaud et le froid, ne semble plus atteindre les investisseurs qui sont restés quasi de marbre face à ces nouvelles menaces. Il semblerait que les agents économiques attendent le résultat « définitif » des négociations bilatérales engagées par l’administration américaine. Les conclusions des pourparlers commerciaux ne seront connues qu’au début du mois de juillet.  

Le répit a été de courte durée. Dans le courant du mois l’administration américaine a soumis au vote de la Chambre des Représentants une nouvelle loi budgétaire, que d’aucuns pourraient qualifier d’ambitieuse. Adoptée le 22 mai dernier par la Chambre Basse, cette loi budgétaire se donne plusieurs objectifs :

  • prolonger les baisses d’impôts pour les sociétés décidées en 2017 dans le cadre du TCJA (Tax Cut Job Act Program) dont la date butoir est fixée au 31 décembre 2025.  
  • augmenter significativement les dépenses de sécurité aux frontières et militaires.
  • amputer le programme de couverture de santé Medicare et Medicaid.

Cette nouvelle loi budgétaire fait craindre une nette aggravation du déficit budgétaire et par voie de conséquence une hausse incontrôlée de la dette des Etats-Unis dont le montant atteint déjà 36.000 Mds $. L’agence de notation Moody’s a dégradé la note de la dette publique américaine d’un cran (s’alignant sur les autres agences de notations) indiquant sa préoccupation quant à la trajectoire des déficits américains. La loi budgétaire est à présent à l’étude au Sénat, à majorité républicaine.  

Les données économiques rassurent

Aux Etats-Unis, les données conjoncturelles, en particulier du côté de la consommation, ont été encourageantes. Le revenu et les dépenses de consommation des ménages ont continué de progresser à un rythme qui rassure sur l’état de santé de l’économie américaine. L’enquête de l’Université du Michigan sur le climat de confiance s’est stabilisée après plusieurs mois de chute libre. Notons que la composante anticipation d’inflation a poursuivi son appréciation, témoignant de l’inquiétude des ménages américains quant aux conséquences de la bataille commerciale dans laquelle Donald Trump s’est engagé. Cependant, le déflateur de la consommation des ménages, mesure activement suivie par la Fed pour gauger des pressions inflationnistes et hors composantes volatiles, a progressé de 2,5% en glissement annuel au cours du mois d’avril en phase avec les attentes du consensus. Les craintes d’un dérapage des prix expliqué par des comportements anticipatifs ne se sont pas matérialisées ce qui conforte la Fed dans son attitude attentiste. Notons toutefois que la placidité de la Fed pourrait être émoussée si les statistiques du marché du travail venaient à se dégrader. Les demandes hebdomadaires d’allocation chômage ont nettement progressé en fin de mois atteignant 240.000 unités, contre 226.000 le mois précédent.

En Allemagne la seconde estimation des comptes nationaux fait état d’une progression de l’activité plus forte qu’initialement mesurée. Le PIB allemand a cru de 0,4% au T1.25 par rapport au trimestre précédent contre 0,2% en première estimation. L’enquête IFO du climat des affaires a enregistré sa sixième hausse consécutive au mois de mai, tirée par sa composante anticipations. A l’échelle de la zone euro, l’estimation préliminaire de l’indice PMI composite (moyenne pondérée des composantes manufacturière et service) est restée sous la barre des 50 pts. La composante service a poursuivi sa baisse et s’enfonce un peu plus en territoire de contraction. Sur une note plus positive, la confiance des consommateurs européens s’est légèrement redressée en mai, tout comme l’indice de sentiment économique publié par la commission européenne. L’inflation a quant à elle poursuivi sa normalisation graduelle. Les prix de gros, les prix de production ou les prix importés ont continué de baisser sous l’impulsion d’un euro plus fort, vis-à-vis du dollar notamment. L’inflation chinoise peine à se redresser. Sur un an, l’indice des prix à la consommation est ressorti en recul de 0.1% et les prix de production ont accentué leur repli au cours du mois de mai (-2,7% sur un an).

Evolution des marchés

Les marchés d’actifs risqués ont retrouvé une forme de sérénité après les turbulences du mois d’avril. Les mesures de volatilité implicite ont quasiment toutes retrouvé les niveaux observés en début d’année. Les marchés d’actions, à commencer par le S&P500 qui a cru de 6,3% en mai, ont effacé une partie des pertes enregistrées au cours du mois dernier. Les indices européens, japonais et émergents ont connu une trajectoire similaire avec des gains qui se sont échelonnés entre 4,3% et 5,1%. Cette appréciation des cours boursiers a été soutenue par la quasi-totalité des secteurs, en particulier par les valeurs cycliques et de croissance. Seul le secteur de la santé n’a pas accompagné ce mouvement haussier en raison des menaces que laisse planer la Maison Blanche sur ce secteur. Le taux de rendement de la dette publique américaine a progressé de 24 pb notamment sur la partie longue. Le taux de rendement à 30 ans de la dette publique américaine a dépassé le seuil de 5,0% dans le courant du mois de mai en lien avec la volonté de D. Trump de recourir massivement à l’endettement public. A contrario la dette publique européenne a fait preuve d’une grande stabilité à l’instar des taux allemand et français. Les spreads de crédit, high yield comme investment grade, se sont resserrés quelle que soit la zone géographique considérée soutenus par la désescalade tarifaire. 

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