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Market Review – Août 2024 (Natixis IM Solutions)

11/09/2024

Allocation mensuelle

Qui a dit qu’il ne se passait rien au mois d’août ?  

Rare sont les mois d’août où tout s’écoule comme un long fleuve tranquille. Et pour cause, au cours de la séance du 5 août, la bourse de Tokyo a enregistré l’une des plus sévères contractions depuis près de 30 ans. Le Nikkei et Topix ont respectivement cédé 21,2% et 20,4% en l’espace d’une journée, effaçant quasiment d'un trait les gains accumulés depuis le début de l’année. L’indice de volatilité implicite extrait des marchés d’options sur actions américaines (S&P500) s’est envolé atteignant 65% en cours de séance, soit un niveau qui a surpassé celui observé durant la crise des banques régionales américaines de mars 2023. La volatilité implicite des marchés obligataires s’est également appréciée de manière significative mais dans des proportions plus mesurées. Ce « drawdown » de marché n’a pas tardé à se diffuser aux autres places financières n’épargnant aucune classe d’actifs. Au-delà d’une liquidité saisonnièrement amoindrie, ce sont principalement deux facteurs, orthogonaux en apparence, qui ont déclenché ce mouvement de panique. La décision, non préparée du gouverneur de la BoJ de porter à 25 pb son taux directeur, a accentué le mouvement d’appréciation de la devise nippone, augmentant de fait la valeur des engagements contractés en Yen. De manière quasi synchrone, le rapport sur l’emploi américain, publié le 2 août, a fait état d’un net ralentissement des créations d’emplois en juillet. En première estimation, l’économie américaine aurait créé 114 000 emplois supplémentaires, un nombre en deçà des attentes alors que le taux de chômage a progressé de 0.2pp, à 4,3%. Ces chiffres ont provoqué une chute instantanée des marchés de capitaux. Les investisseurs se sont engouffrés dans la thématique de la récession accentuant concomitamment les pertes des stratégies dites de portage1. Cette réaction épidermique de marché a posé la question de la solidité du cycle américain. L’économie américaine serait-elle en train de sombrer en récession ? La publication des indicateurs d’activité au cours du mois a minoré ces inquiétudes. Ils ont en revanche révélé à quel point l’état conjoncturel de la zone euro et de la Chine devenait préoccupant.    

Déphasage des cycles économiques  

Les enquêtes PMI en Chine n’en finissent plus de décevoir. Les mesures de soutien décidées par Pékin pour restaurer la confiance des agents économiques n’a pas encore porté ses fruits. Les composantes « forwards looking » des enquêtes PMI ont continué de s’enfoncer, quel que soit le secteur considéré (secteurs des services et manufacturiers). La progression des prix de l’immobilier demeure en territoire négatif, ce qui pèse sur la confiance des ménages, et in fine sur l’activité dans son ensemble. Le déficit de momentum de l’économie chinoise n’est pas sans conséquence sur la trajectoire de croissance de plusieurs économies, notamment sur celle de l’économie allemande. La croissance du PIB pour le second trimestre est négative, à -0,1% (variations trimestrielles). L’enquête IFO du climat des affaires pour le mois d’août ne laisse que peu d’espoir quant à la dynamique d’activité du troisième trimestre de la zone euro. Le secteur manufacturier s’est enfoncé un peu plus en récession alors que les services se sont s’affaiblis, ce qui augure d’un trimestre nul voire négatif en termes de croissance.  En France, le climat conjoncturel s’est redressé, sans doute sous l’impulsion des jeux olympiques qui pourraient avoir un effet bénéfique sur les chiffres d’activité du T3. Aux Etats-Unis, les statistiques économiques publiées dans le courant du mois d’août ont rapidement dissipé le scénario d’une récession pour conforter celui d’un ralentissement de l’économie et plus précisément celui du soft landing. Rappelons que l’économie américaine continue de créer des emplois d’une part. Les commandes de biens durables, hors transport, se sont repliées de manière modérée alors que le taux d’utilisation des capacités s’est quant à lui repris. Cette séquence d’indicateurs ne correspond pas à une situation de récession. 

L’inflation totale a continué de baisser aux Etats-Unis au cours du mois d’août tirée par ses composantes volatiles. On notera d’une part que l’inflation sous-jacente n’a que modérément faibli (+2,8 % en août) tout comme en zone euro où celle-ci a continué de se stabiliser sur des niveaux au-delà de la cible de la BCE. L’inflation du prix des services s’est appréciée en juillet atteignant 4,2% en glissement annuel. Lors du symposium de Jackson les gouverneurs des principales banques centrales ont pu distiller leur message. Jerome Powell a occupé le devant de scène en indiquant que la Fed se focalisera davantage sur le marché du travail que sur l’inflation pour conclure que « le temps était désormais venu pour la Réserve Fédérale d’ajuster sa politique monétaire ». La Fed devrait baisser de 25 bp son taux directeur en septembre. Le gouverneur de la Banque du Japon, Ueda s’est lui aussi montré très clair quant aux prochains mouvements de la BoJ. Les conditions sur le front de l’inflation justifiant pleinement à ce stade d’autres remontées de taux. La feuille de route de la Banque Centrale européenne est plus floue. La dispersion des rythmes de croissance combinée à une inflation dont plusieurs composantes continuent de progresser compliquent la tâche de Christine Lagarde en matière de calendrier.   

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