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La fin de la « mondialisation heureuse » (M&G Investments)

11/12/2024

“L'élection de Donald Trump confirme la dynamique de reconquête de souveraineté industrielle et de protectionnisme des USA, amplifiée par des barrières douanières et des incitations fiscales”

L’élection de Donald Trump vient confirmer la dynamique de reconquête de souveraineté industrielle et de protectionnisme dans laquelle les USA sont entrés depuis le premier mandat du Républicain. Biden n’avait pas été en reste pour prolonger cette tendance et Trump, fort d’un large soutien au Congrès, promet de l’amplifier, en poursuivant sur le terrain des barrières douanières et des incitations fiscales à l’activité, tout en y ajoutant le projet de contenir l’immigration de travail et de réduire les réglementations qui selon lui entravent la croissance. Il ambitionne même de reprendre le contrôle du volet monétaire en exerçant des pressions sur la FED* voire en limitant son indépendance au regard du pouvoir politique, ce dernier point paraissant néanmoins hors de portée compte tenu des contraintes institutionnelles qui ne permettront pas facilement de retirer à la Réserve Fédérale son autonomie*.

Ce retour de l’isolationnisme américain se fait sous la pression des urnes mais correspond aussi au souhait de la classe politique américaine de concentrer les forces du pays pour contenir les ambitions du principal rival, la Chine. Cette rivalité signe la fin de la « mondialisation heureuse » et amène les deux protagonistes à s’engager dans une course de vitesse pour le leadership technologique et militaire, l’accès à l’énergie (renouvelable ou non) et aux matières premières. L’Europe tarde à se lancer dans cette compétition, malgré le cri d’alerte de Mario Draghi qui évoque la « crise existentielle » qui menace la zone euro. Mais la situation politique instable en Allemagne comme en France n’est pas propice à créer une forte dynamique dans l’Union, d’autant plus que la commission européenne elle-même a accueilli sans enthousiasme le rapport de l’ancien président de la BCE, tant la philosophie fondatrice de la construction européenne, prônant l’ouverture sur le monde, n’est pas en phase avec cette rivalité féroce qui se met en place pour le leadership mondial. Cela dit, il est fort probable que l’Union finisse par rejoindre cette compétition sous la pression de la nécessité et engage à son tour des dépenses significatives pour tenter de retrouver sa souveraineté industrielle et sa capacité d’innovation.

Dans ce contexte de conflictualité économique et militaire, l’économie fera selon nous davantage l’objet d’interventionnisme de la part des Etats via des investissements massifs et des incitations fiscales dans les secteurs clés de l’économie. L’heure n’est plus à l’orthodoxie monétaire et budgétaire mais à la croissance, à la dépense et à la dette, quitte à en payer le prix par une inflation plus élevée voire à contrôler la courbe des taux si nécessaire pour que l’envolée des rendements à long terme ne compromette pas le financement des Etats, ceci pouvant se traduire par davantage d’inflation encore. Or Trump a également promis de contenir l’inflation : c’est là que se trouve la contradiction significative de son programme qui l’amènera peut-être à en réduire les ambitions.

Comment investir dans un tel contexte ? Pour ce qui concerne l’univers obligataire, dès lors qu’on investit sur des maturités longues, il faut avoir en tête cette possibilité d’un retour de l’inflation et veiller à choisir des points d’entrée conformes à cette hypothèse. Pour ce qui concerne les actions, l’univers des actions américaines pourrait bénéficier de la mise en place de cet écosystème favorable à la croissance. La technologie américaine n’est pas le seul secteur à suivre de près. Les entreprises gérant des infrastructures, les grandes banques américaines et le secteur de la santé devraient tirer profit de cette environnement de dérégulation et de croissance inflationniste.

Rédigé en novembre 2024

Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions. La valeur des investissements est vouée à fluctuer, pouvant conduire les prix à la baisse comme à la hausse, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer le montant initial invest.

 

* Réserve Fédérale des Etats-Unis

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