Nous vivons une période exceptionnelle. Les indices S&P 500 et Nasdaq 100 ont connu, le mercredi 9 avril, une progression de 9,52% et de 12,02%, soit respectivement leur plus forte et leur 3e plus forte hausse depuis 2008 et 1980.
Volatilité accrue des marchés provoquées par le président américain
Certes, ce n’est pas la première fois que les marchés sont aussi volatils, avec des séances de forte amplitude, voire de krach. Ce qui est totalement atypique aujourd’hui est que ces forts mouvements quotidiens, à la hausse comme à la baisse, soient provoqués par la décision d’une seule personne, qui fait la pluie et le beau temps.
Droit de douane minimal et universel
L’ouragan est tout d’abord venu de la Roseraie de la Maison-Blanche, en ce jour du 2 avril 2025. Avec la décision du Président d’instaurer un droit de douane minimal et universel de 10% pour toutes les importations sur le sol américain, en complément d’un tarif dit de réciprocité, pouvant aller jusqu’à 46% pour le Vietnam.
Le taux additionnel de 34% pour la Chine (en plus des 20% annoncés précédemment), a immédiatement provoqué une chute des bourses mondiales. Et la hantise de la récession. Ensuite, l’éclaircie est venue par la décision du 9 avril de Donald Trump de suspendre pendant 90 jours ces tarifs de réciprocité, à l’exception de ceux de la Chine. Pékin, ayant eu l’outrage de répliquer, se voit imposer, par jeu de surenchères, un taux cumulé désormais fixé à 145%.
Que faire dans cette période d’instabilité et surtout de faible visibilité ?
La forte volatilité actuelle va-t-elle perdurer ?
« Restez cool ! », « c’est un super moment pour acheter ! ».
L’omniprésent et très médiatique Président Trump a décidément le sens de la formule. Ces tweets de 9h30 et de 9h37 (heure locale) ont été postés en pleine tempête boursière.
À l’aube de cette journée du 9 avril, les marchés sont proches de la rupture. L’escalade entre les États-Unis et la Chine se poursuit. Après le mini krach de Hong Kong du 7 avril, une quasi panique ambiante s’est installée.
La baisse cumulée depuis le 2 avril des indices boursiers des deux côtés de l’Atlantique dépasse allègrement les 11% ce matin-là, heure américaine. Un fait nouveau fait flancher les investisseurs : la forte remontée soudaine des taux d’intérêt. En pleine tension commerciale, le spectre que la Chine, avec Hong Kong, détenait plus de 1.017 milliards de dette américaine en janvier 2025, selon le site du Département du Trésor, fait craindre le pire.
Tension sur les taux et l'indice de volatilité VIX
Les taux à 10 ans se sont ainsi tendus de 0,60 % en deux séances pour flirter avec le seuil des 4,50%. Le premier emprunteur de la planète peut vaciller. En effet, son fort taux d’endettement sur PIB constitue son talon d’Achille.
L’indice de volatilité VIX, baptisé également indicateur de la peur, se tend à plus de 57%. Du jamais vu depuis le mini krach de Tokyo du 5 août dernier. Les carnets d’ordres des actions sont presque vides, faute d’acheteurs et les vendeurs font massivement baisser les cours. La spéculation baissière est à son apogée aussi bien sur les titres que sur les contrats à terme des indices boursiers.
Il faudra plus que de simples tweets pour sauver les États-Unis.
Capitulation et suspension des droits de douane "réciproques"
C’est dans ce contexte de capitulation qu’intervient soudainement à 13h18 l’annonce sur Truth Social de la suspension des nouveaux droits de douane dits « réciproques ». A l’exception de ceux de la Chine. C’était la nouvelle que les opérateurs attendaient. S’ensuivit un fort mouvement de rachat des positions à découvert, qui provoqua un formidable rebond jusqu’à la fin de séance.
Le choix du calendrier de cette décision est tout sauf un hasard et celle-ci s’est avérée très efficace ! Des accusations de manipulation de cours surgissent contre le Président.
Le marché va-t-il rester volatil ces prochains jours ? Le point bas du marché du 9 avril constitue-t-il un nouveau support technique et psychologique ?
Tensions et sursis
Même si la panique s’est estompée, les tensions avec la Chine perdurent. Le reste du monde est en sursis jusqu’au 9 juillet. Celui-ci est, en quelque sorte, dans l’œil du cyclone (zone de faibles vents au milieu de la dépression). Cependant, l’ouragan peut se déplacer à tout moment, selon la même volonté du locataire de la Maison-Blanche.
Néanmoins, le fort mouvement de rachats du 9 avril a provoqué de lourdes pertes chez les spéculateurs, ce qui va laisser des traces. La période de pause actuelle, avec la perspective de voir des négociations aboutir avec le reste du monde (à l’exception de la Chine), laisse entrevoir la possibilité d’éviter cette tant redoutée récession. Par conséquent, oui selon nous, le plus bas des indices et des cours de mercredi dernier constitue à court terme un seuil qui sera difficile à franchir.
Période de publication des résultats
De surcroît, nous rentrons en période de publication des résultats, avec les banques américaines qui ouvrent le bal dès aujourd’hui. En période de pause, même contrainte et forcée, décidée par Donald Trump, les projecteurs vont désormais se braquer sur les directions des entreprises. Leurs commentaires sur les perspectives pour le reste de l’année, dans un environnement international si compliqué, vont être scrutés par les investisseurs. Comment piloter une société avec aussi peu de visibilité ? C’est la question que tout le monde se pose. La volatilité devrait se déplacer aux titres individuels, plutôt qu’aux indices boursiers en général.