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Pourquoi la diversification revient dans l'esprit des investisseurs (Ostrum AM)

14/08/2025

Les 25 dernières années ont produit des rendements impressionnants pour ceux qui ont eu le courage de maintenir leurs investissements sur le long terme. Mais après des années de faibles taux et de rendements élevés, l'année 2025 semble tout sauf prévisible. Des guerres en cours, des relations commerciales changeantes, une inflation persistante et une volatilité renouvelée des marchés mettent les investisseurs sur le qui-vive. Et son impact se fait sentir dans toutes les classes d'actifs.

Dans cette session de questions-réponses, deux experts de Ostrum Asset Management – Xavier-André Audoli, CIO pour l'assurance et la gestion d'actifs institutionnels, et Frédéric Leguay, responsable des actions fondamentales – répondent à des questions basées sur certaines des réponses de notre récente enquête auprès des investisseurs individuels1, pour voir si les attentes des investisseurs sont en accord avec les perceptions de nos experts concernant les marchés des actions et de la dette.

Avec 70% des investisseurs que nous avons interrogés disant que le monde semble instable et qu'ils s'inquiètent pour leurs finances, que leur diriez-vous pour les convaincre de rester investis ?

Xavier-André Audoli (XAA) : Désorientés par un monde rempli d'incertitudes géopolitiques et macroéconomiques, certains investisseurs peuvent être tentés de quitter les actions ou les obligations pour des classes d'actifs moins risquées, comme le cash. Cela est compréhensible. Néanmoins, la volatilité du marché, qui est la traduction financière de cette incertitude, peut être une source d'opportunités d'investissement. Les points bas sont aussi des points d’entrée ou de renforcement de ses positions.

L'horizon d'investissement de chaque investisseur est différent, mais les actions, en tant que classe d'actifs plus risquée, ont historiquement offert des rendements élevés dans quasiment toutes les configurations de marché à long terme. Le S&P 500, par exemple, a gagné 557% au cours des 25 dernières années, soit une augmentation annuelle de 7,67%, malgré une série d'événements de marché : les attaques du 11 septembre 2001, la guerre en Irak en 2003, l'éclatement de la bulle Internet, les crises financières mondiales, la crise de la dette souveraine dans la zone euro, la pandémie, la guerre en Ukraine et maintenant la guerre commerciale. À condition d'être prêts à supporter des périodes de forte volatilité, les investisseurs bénéficieront à long terme de rester investis.

 

Rendement total en monnaie locale et depuis 2000

  Performance cumulée Performance annualisée
SP 500 557% 7.67%
Bloomberg US aggregate 172% 4%
Eurostoxx 50 154.39 3.73%
Bloomberg EUR aggregate 132.51% 3.37%

Source: Bloomberg/Ostrum AM



Frédéric Leguay (FL) : Un particulier devrait investir régulièrement pour éviter d’acheter au plus haut. On sort d’une période de 45 ans de marché haussier pour les obligations, où les actifs obligataires en dollar ont représenté l’essentiel des flux. On rentre dans une période marquée par une inflation plus élevée, peut-être structurellement, et dans laquelle les actifs hors dollar, jusqu’ici délaissés par les investisseurs, pourraient connaître un regain d’intérêt. L’Europe connaît des mutations, telles que l’évolution de la doxa budgétaire allemande ou la recherche de simplification réglementaire, qui pourraient attirer les investissements.

Les attentes en matière de rendement à long terme sont passées de 12,8% au-dessus de l'inflation en 2023 à 10,7% au-dessus de l'inflation, mais même des attentes modérées présentent encore un risque important. Quels sont, selon vous, les opportunités et les défis à long terme dans le domaine des titres à revenu fixe ?

XAA : Ces objectifs de rendement sont très élevés et hors de portée d’un investisseur uniquement obligataire. Les rendements obligataires, s’ils ont baissé, restent à des niveaux historiquement élevés. Chez Ostrum AM, on favorise actuellement l’obligataire par rapport aux actions, et, au sein de la classe d’actifs actions, l’Europe par rapport aux Etats-Unis, compte tenu des impacts attendus de la politique menée par Donald Trump. Les classes d’actifs de portage, telles que le crédit qu’il soit de qualité Investment grade ou high yield, devraient bénéficier d’une croissance molle.

FL : Au sein de la classe d’actifs actions, on privilégie les valeurs défensives telles que la consommation ou le secteur financier qui bénéficierait de tout mouvement de déréglementation ou de consolidation. Nous étions jusqu’ici sous-exposés à l’Asie pour des raisons économiques et géopolitiques. La Chine connait une situation de quasi-déflation et n’avons pas de visibilité sur une sortie de crise. On est donc sous-exposés à la consommation cyclique, à l’automobile, aux boissons, au luxe et aux biens d’équipement.

Que pensez-vous lorsque l'on apprend que 43% des investisseurs sont préoccupés par le potentiel d'effondrement de l'économie, tandis que 41% s'inquiètent de la perspective d'un krach boursier ?

XAA : Le risque d'un krach financier existe, mais il est très faible. Ce n'est pas notre scénario central. Ce n'est pas non plus ce que nous disent les marchés financiers. Chez Ostrum AM, nous tablons plutôt sur une stagflation, [c’est-à-dire une situation économique combinant croissance économique faible et forte inflation], où l'économie serait soutenue fiscalement - et potentiellement monétairement - des deux côtés de l'Atlantique, à la fois par le plan de relance allemand et par la politique budgétaire américaine, les banques centrales intervenant si nécessaire. L'impact des politiques budgétaires se fera davantage sentir en 2026.

FL : La transition nécessite des investissements majeurs à long terme. Le Rapport Draghi soumis à la Commission européenne [recommandant un investissement de 800 milliards d'euros par an] a établi une feuille de route. Sa mise en œuvre pourrait être positive pour les entreprises européennes. Les gouvernements avec des comptes publics dégradés auront besoin du secteur privé pour mettre en œuvre leurs politiques.

L'inflation reste en tête des préoccupations des investisseurs. À l'échelle mondiale, seuls 41% des investisseurs pensent que l'inflation élevée est enfin derrière nous. Quel est votre avis ? Et y a-t-il d'autres risques à surveiller qui devraient être plus pressants pour les investisseurs en obligations ?

XAA : L’inflation n’a pas disparu. Elle est encore là mais il faut dissocier l’inflation américaine et l’inflation européenne. L’inflation aux Etats-Unis (2,4% en mai 2025) reste légèrement au-dessus du niveau cible de la Fed. On anticipe une inflation à 2.5% en 2025 et 2.7% en 2026. Le Trésor américain devrait émettre davantage de bons du Trésor compte tenu de la politique budgétaire expansionniste de l’administration Trump.

Cette augmentation du volume d'émission pèsera sur les taux d'intérêt américains. Les politiques migratoire et tarifaire de Donald Trump peuvent également exercer des pressions inflationnistes. L’inflation est moindre en zone euro (1,9% en mai 2025 en glissement annuel) et inférieure au niveau cible de la Banque Centrale Européenne.

Il faut surveiller aussi l’évolution du prix du pétrole qui a un impact sur l’inflation. Dans cet environnement inflationniste, la Chine fait figure d’exception, en affichant des chiffres d’inflation négatifs (-0.1% en mai 2025). La politique budgétaire américaine et les plans de relance de l’investissement en Europe dans la défense et les infrastructures auront plus d’impact que l’inflation sur les niveaux de taux qui devraient rester relativement élevés.

FL : Il est tentant pour les pays fortement endettés d'utiliser l'inflation pour réduire leur dette. Les États peuvent recourir à des coupes budgétaires, mais cela est plus compliqué politiquement. Laisser l'inflation augmenter un peu pour réduire la dette a l'avantage d'être plus socialement acceptable que le défaut. Pour les investisseurs individuels, il existe encore la possibilité d'utiliser des actifs réels pour se protéger contre l'inflation.

La frénésie des tarifs de Trump a conduit beaucoup de gens à remettre en question leur exposition aux actions américaines. Diriez-vous alors que l'ère de l'exceptionnalisme américain est terminée et que nous pourrions potentiellement entrer dans une ère d'exceptionnalisme européen ?

FL : Je ne pense pas que ce soit la fin de l'exceptionnalisme américain, ni le début de l'exceptionnalisme européen. La politique de la nouvelle administration américaine a remis la diversification au cœur des préoccupations des investisseurs, alors que l’allocation en actions américaines des investisseurs étaient jusqu’ici très concentrée dans les « Magnificent 7 ». Des alternatives existent pourtant, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, pour réduire ce risque de concentration. Les Etats-Unis ont représenté jusqu’à 70% des indices actions mondiaux. L’Europe, c’est la moitié de ce qui reste.

XAA : Les turbulences que nous traversons actuellement remettent selon moi en question ce que l’on considérait jusqu’ici comme un actif sans risque. Pendant longtemps, l’actif sans risque dans le monde a été la dette américaine. Ce statut est aujourd’hui questionné.

1 Source : Natixis Investment Managers, enquête mondiale auprès des investisseurs individuels, réalisée par CoreData Research en février et mars 2025. L'enquête a inclus 7 050 investisseurs individuels dans 21 pays. 



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