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Le plébiscite largement médiatisé des nouvelles obligations souveraines n'est qu'un trompe l'oeil grossier dans lequel il ne faut pas tomber ! (Octo AM)

15/01/2025

Hebdo

Le début d’année est traditionnellement très actif sur le marché primaire obligataire et cette année ne fait pas exception avec un point d’attention particulier sur les obligations souveraines, puisque les Etats européens devraient battre des records d’émissions en 2025 pour financer leurs déficits budgétaires persistants… La France en tête…

Ainsi, après seulement six jours d’ouverture des marchés depuis la nouvelle année, les Etats et agences gouvernementales de la Zone Euro ont déjà émis 42 nouvelles obligations pour un montant de plus de 800 milliards d’euros, en augmentation de 30% par rapport à 2024, qui n’était pas une année de restriction sur le plan des déficits budgétaires et donc de l’endettement des Etats !

Si les banques d’investissement en charge de ces placements utilisent volontiers des superlatifs, voyant déjà leurs commissions et leurs chiffres d’affaires grimper en conséquence dès ces premiers jours de l’année, le lecteur ou le contribuable devra plutôt s’inquiéter de ces records funestes…

Car non seulement, les montants sont beaucoup plus importants que lors de la plupart des années précédentes mais les coûts d’emprunt ont aussi entre temps bondi. Ainsi, une nouvelle obligation d’Etat Français placée en 2018 coûtait entre 0 et 1% d’intérêts annuels à l’Etat ; elle coûte aujourd’hui entre 2.5% et 3.8% en fonction des maturités. Et vu les équilibres budgétaires, on peut imaginer que l’Etat Français a plutôt tendance à emprunter sur des maturités longues, et donc les plus coûteuses, que sur du 6 mois… Ainsi, entre cette augmentation massive de la dette et celle de son coût, l’effet ciseau est d’autant plus violent sur les comptes publics et donc sur les déficits publics puis sur l’endettement futur… la mécanique funeste semble difficile à enrayer, surtout quand on entend les analystes et autres institutions débattre sur leur perspectives de croissance potentielle pour savoir si elle sera plutôt proche de 1% ou plutôt proche de 0%... Comme si l’enjeu était là et si cette épaisseur du trait pouvait modifier la donne du principal problème de l’Eurozone : son atonie économique, son appauvrissement, sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour sa consommation, l’affaiblissement de son statut politique et géopolitique et de sa devise, sa difficulté à se réformer et, corollaire de tout cela, sa trajectoire d’endettement en ligne droite vers le calvaire…

Pour donner un ordre d’idée, la simple hausse des montants empruntés de 30% sur ces dix premiers jours de l’année, soit 240 milliards d’euros de surplus d’endettement par rapport à la simple année 2024, ajoutés à l’augmentation des taux d’emprunts d’environ 300 points de base depuis l’ère des taux zéro, ajoute une charge annuelle de 7 milliards dans les budgets des Etats Européens… Et nous ne sommes que le 10 janvier…

D’un autre côté, vous lirez dans moultes publications que la demande est solide sur ces nouvelles obligations, que l’attrait des obligations souveraines européennes est fort en raison de la qualité intrinsèque de la Zone et des rendements plus attractifs, voire de leur prime par rapport à d’autres rendements ; la prime de crédit des Etats s’est notamment significativement élargie par rapport aux taux swaps. Et il est vrai qu’on a pu observer des demandes faramineuses sur les émissions récentes. L’Italie a par exemple récolté 270 milliards d’intérêts acheteurs sur ses nouvelles obligations émises ce jeudi pour 18 milliards d’émissions (soit une sursouscription de 15 fois) tandis que la Belgique a vu son book bondir à 89 milliards d’euros sur sa nouvelle obligation 10 ans, soit une sursouscription de 13 fois la taille prévue.

Ces chiffres sont en réalité un trompe l’œil et voici quelques pistes pour y voir les coups de pinceaux derrière la première apparence 

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