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Air Force One change de cap (Financière de l'Arc)

21/05/2025

Dans son livre intitulé « L’art de la négociation », publié en 1987 et coécrit avec Tony Schwarz, Donald Trump décrit les éléments essentiels de tout accord. En insistant sur l'importance de penser grand, de limiter la casse en cas de scénario négatif, de suivre ses instincts, d'utiliser l'effet de levier et de comprendre la demande du public. Pour lui, la publicité est essentielle à son approche commerciale et maintenir sa crédibilité en tenant ses promesses est crucial.

Accords commerciaux et financement des baisses d'impôts

Force est de constater que sa méthode n’a pas changé d’un pouce après quatre décennies, même en tant que président. Il reste avant tout un homme d’affaires instinctif, aux méthodes brutales et disruptives. Depuis le 2 avril, le « jour de la libération », nous revivons un épisode typique de la vie du milliardaire. Dans le but, cette fois-ci, d’obtenir de nouvelles recettes payées par les autres nations, au bénéfice des Américains. La finalité ? Faire passer au Congrès une nouvelle loi de finance, avec à la clé, des baisses d’impôts gigantesques.

Après avoir initialement plongé, les marchés se sont redressés. Ils ont depuis effacé la totalité de la baisse. De plus, les premiers accords commerciaux sont annoncés. Donald Trump est-il en train de réussir son pari ?

Escalade et désescalade dans la guerre commerciale

Nous venons de vivre une période d’escalade et de désescalade dans la guerre commerciale. Certes, le conflit n’est pas achevé et la mèche peut se rallumer à tout instant, car celui-ci n’est qu’en pause. Mais les évolutions penchent pour un apaisement avec des accords de principe. En attendant la signature de nouveaux traités plus favorables pour les États-Unis. En fixant un tarif universel de 10%, avec des droits de douane supplémentaires, dits réciproques et spécifiques pour chaque partenaire commercial, le locataire de la Maison-Blanche voyait sans doute grand.

Pour ne se contenter finalement que d’une surcharge globale de 10%, avec des exceptions et de nouveaux débouchés pour les produits américains.

Les premiers accords commerciaux sont annoncés

Les premières annonces avec l’Angleterre et les autres pays semblent indiquer que l’objectif, tenu secret, soit atteint, voire dépassé. Selon l’accord du 8 mai avec le Royaume-Uni, les Américains ont obtenu une nette réduction des droits de douane pour leurs exportations, avec en supplément un engagement d’achat de produits agricoles et aéronautiques. En échange de cela, il a octroyé des droits de douane réduits de 10% contre 27,50% auparavant, uniquement sur un quota de 100.000 véhicules. Rappelons qu’avant janvier 2025, le taux en vigueur était de 2,2%. De plus, la taxe de 25% sur les importations d’acier anglais aux États-Unis est supprimée, sous réserve de critères respectés, contre 5,30% en début d’année.

Des accords commerciaux et des promesses d'investissement

Après les armes, vient le temps du dialogue. Dans cette phase de désescalade, Air Force One reprend du service. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la destination n’est ni l’Europe, ni la Chine, ni le Mexique, ni le Canada, ni le Japon. Mais la péninsule Arabique.

Accords commerciaux avec la péninsule Arabique

Le nouveau plan de vol de quatre jours comprend l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats Arabes Unis. Le président américain s’est transformé en VRP (vendeur, représentant et placier) de haut rang pour vendre des Boeing, des armes et des nouvelles technologies, en plus des promesses d’investissement aux États-Unis. Comme toujours, le chef des armées claironne ses succès en maximisant les chiffres. Celui-ci parle d’une tournée de plus de 3.000 milliards de dollars. On arrive effectivement à ce chiffre, lorsque l’on totalise les promesses d’investissement cumulées de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Émirats Arabes Unis. On est donc loin du record pour un artiste comme Taylor Swift et ses plus de deux milliards de dollars de recettes pour 149 concerts.

L’Europe arrivera-t-elle à trouver un accord ? 

C’est une bonne question, étant donné que Donald Trump répète que les partenaires européens traitent mal les États-Unis. De plus, la zone euro n’achètera pas de Boeing, ni d’armes. Celle-ci devra sans doute augmenter ses importations en énergie fossile. Et probablement en produits agricoles pour amadouer Washington. Pourtant rien n’est perdu, puisque Michal Baranovsky indiquait le 15 mai, que ses discussions avec le secrétaire d’État au commerce américain étaient constructives.

Retour de la croissance

Après ces derniers évènements, les marchés sont passés du scénario du pire de début avril (stagflation, soit une récession avec plus d’inflation) à celui de plus de croissance, avec une inflation maîtrisée. Dans le cas d’un accord avec le Congrès, toute la politique économique voulue par Donald Trump pourra se concrétiser et réussir. Cette nouvelle perspective conduit les investisseurs, qui avaient vendu depuis mars et surtout en avril, à se racheter sur le marché américain. Cela explique les forts rebonds sur certaines valeurs, notamment celles ayant publié des résultats solides et des prévisions favorables. 



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