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Inflation et Allocation Stratégique d’Actifs

21/11/2022

Une brève histoire de l’inflation 

Au-delà des fluctuations de la croissance économique qui guident l’allocation tactique d’actifs, la question la plus fondamentale pour l’allocation stratégique est celle du régime d’inflation que connaîtra le monde développé dans les prochaines années. Pour de multiples raisons, il est possible que nous soyons à une bifurcation majeure et qu’un changement radical soit en cours.Pendant près de 25 ans, de 1960 à 1983, le monde a vécu les conséquences du dérèglement  monétaire qui ont conduit à la fin des accords de Bretton Woods en 1973, qui instituaient un système de change fixe avec l’étalon de « change-or » fondé sur le dollar. Ce système ne pouvait fonctionner que grâce à un influx permanent de dollars dans l’économie internationale, ce qui induisait des politiques monétaires très accommodantes, condition nécessaire pour provoquer une déflagration sur les prix. Les chocs pétroliers de 1974 et 1979 ont agi comme les détonateurs du régime de la Grande inflation, qui a porté la hausse des prix à la consommation dans les pays développés d’environ 4 à 10%, l’indexation automatique des salaires sur les prix entretenant le brasier.

Puis, durant 40 ans, de 1983 à nos jours, les pays développés ont changé de régime d’inflation adoptant le régime de la Grande modération, c’est-à-dire une inflation entre 0 et 3 %. Le responsable en était le Président de la Federal Reserve System (FED) Paul Volcker qui a porté le taux directeur de la Fed à 20 % en 1981 et adopté une politique stricte de contrôle de la croissance de la masse monétaire, provoquant une lourde récession. Le manque de combustible monétaire 
et l’arrêt des dispositifs d’indexation des salaires sur les prix ont brisé définitivement les anticipations inflationnistes. Puis est arrivée la globalisation avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Les pressions déflationnistes persistantes provoquées par la systématisation des avantages comparatifs dans le monde libre-échangiste ont permis de modérer les revendications salariales tout en faisant progresser le pouvoir d’achat des ménages. 

Mais depuis 15 ans, la globalisation connait d’importants vents contraires : la Crise financière globale de 2008, l’affrontement entre les Etats-Unis et la Chine à partir de 2018, la crise sanitaire en 2020 et la guerre en Ukraine en 2022. L’économie mondiale reste globalisée, mais fragmentation et segmentation sont ses nouvelles lignes directrices avec moins d’avantages compétitifs à la clef et moins d’effet réseau.
Côté banques centrales, tout a commencé avec les politiques monétaires ultra accommodantes mises en place en 2009 aux Etats-Unis et en 2015 en zone euro pour contrer les effets de la Crise financière globale avec pour corollaire la croissance des masses monétaires de plus de 20 % en rythme annuel sur une longue période. Le combustible était là. Le déclenchement de la crise Covid a ensuite embrasé l’inflation avec un choc de contrainte sur l’offre lié au confinement et un choc de stimulation excessive sur la demande liée aux mesures de soutien public.

En plus de cela, arrive l’impératif de la transition climatique. Le prix de l’externalité carbone, non pris en compte jusqu’à présent, mais seul instrument vraiment efficace pour assurer la transition climatique, va peser sur les prix de l’énergie, or l’activité économique n’est que de l’énergie transformée. Le prix du carbone va inexorablement monter, car il reflète la valeur présente de dommages climatiques prévus en grande partie après 2050, date qui se rapproche inéluctablement et dommages qui s’intensifient chaque jour.

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