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Le ralentissement commence à se faire sentir

25/05/2023

Après un bon début d’année porté par la réouverture de l’économie chinoise, des prix des énergies au plus bas et une amélioration des coûts de transport et des problèmes d’approvisionnement, l’économie mondiale ralentit un peu plus chaque mois et se rapproche inexorablement de la récession.

Les raisons de ce ralentissement

Selon les enquêtes PMI1, aucun des répondants n’a dit que les risques augmentaient. De fait, du côté de l’activité, le PMI Composite mondial a augmenté en avril, passant de 53,4 en mars à 54,2, tiré par la forte activité dans le secteur des services. En revanche, l’indice du secteur manufacturier continue de se contracter. Tous les pays affichent donc un repli dû à une forte baisse des nouvelles commandes.

À noter quelques bonnes nouvelles du côté des prix : 1/ Le désencombrement des chaînes d’approvisionnement qui améliore les délais de livraisons et 2/ la baisse des prix des inputs et outputs dans le secteur manufacturier et dans une moindre mesure dans les services.

L’inflation, toujours élevée, qui pèse fortement sur la demande, du fait de la réduction du pouvoir d’achat des consommateurs, producteurs et administrations.

Les effets immédiats des hausses de taux directeurs des banques centrales qui ont entrainé et qui continueront longtemps après l’arrêt du resserrement monétaire 1/ une contraction du crédit et 2/ des faillites bancaires.

Les économies surprennent

L’économie américaine. Au premier trimestre de l’année l’économie a continué sur l’élan de 2022 en affichant une croissance de +1,1 % au T1‑23. Toutefois, cette performance ne devrait pas se répéter sur les prochains trimestres. Au contraire, l’économie américaine devrait passer par la case récession au 2ème semestre. Les progressions du PIB sur les trois prochains trimestres devraient afficher +0,1 % au T2‑23,‑0,9 % au T3 et ‑0,3 % au T4.

L’économie de la zone euro. Les perspectives de la zone s’améliorent. Le taux de croissance du PIB au T1‑23 est ressorti à +0,1 % trimestre à trimestre (t/t) après ‑0,1 % t/t au T4‑22. Heureusement, les enquêtes auprès des entreprises montrent une montée en puissance de l’activité qui pourrait donner un petit coup de pouce (+01 %‑+0,2 %) à la croissance au T2‑23 ce qui laisse dire aux observateurs que la Zone Euro (ZE) pourrait éviter une récession cette année. Toutefois cette situation reste fragile.

L’économie du Japon. La croissance de l’activité continue de s’améliorer. La consommation des japonais et la réouverture du tourisme aux étrangers compensent les pertes dans les échanges internationaux. Par ailleurs, alors que le nouveau gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) est en place, nous n’avons pas vu de changement dans la politique monétaire.

L’économie Chinoise. Une fois la réouverture de l’économie chinoise en janvier, elle a fortement rebondi au T1‑23, progressant de 2,2 % t/t après 0,6 % au T4‑22. La poussée s’est concentrée dans le secteur des services oubliant quelque peu le secteur manufacturier. Aujourd’hui, fautes de nouvelles commandes, les enquêtes prospectives sont moins enthousiastes.

Le monde émergentEn Asie hors Chine, en Amérique Latine et en Europe Centrale et comme nous l’avons déjà mentionné, la demande domestique et étrangère se fait plus rare, ce qui entraine un ralentissement de la croissance de la plupart de ces pays.

Les risques changent et augmentent

Les perspectives économiques sont très incertaines à cause d’une inflation résistante et des effets non désirés de la hausse forte et rapide des taux d’intérêt des grands Banques Centrales (cf. les faillites bancaires aux États‑Unis).

Le risque de voir des Banques Centrales obligées à durcir leur politique monétaire suite à une résurgence de l’inflation ; une situation qui pèserait sur les actifs risqués.

Les défauts des banques aux USA se multiplient. N’oublions pas qu’une Banque Centrale n’a pour objectif que de faire rentrer l’inflation dans sa boite à coup de hausse de taux d’intérêt. Le risque de casse est double : Premièrement, moins de prêts bancaires ce qui veut dire pour les entreprises, le secteur immobilier et la consommation moins d’activité et deuxièmement augmenter le chômage.

L’escalade de la guerre en Ukraine pourrait conduire à une nouvelle crise énergétique en Europe.

La montée des tensions géopolitiques et la montée de deux blocs, d’un côté les membres de l’OTAN et les impétrants, face au bloc des régimes autoritaires (Russie, Chine, Iran).

La géopolitique avec des nouveaux assemblages avant d’être des alliances comme la route de la soie en Amérique Latine, les incursions de la Russie, la Chine et la Turquie en Afrique, etc.

MARCHÉS : Trop d’optimisme

L’affaiblissement des conditions financières pèse sur les marchés financiers dans leur ensemble

Actions : les marchés restent optimistes

Les marchés financiers pensent qu’une fois le taux terminal du taux directeur de la Fed (5 % / 5,5 %) et l’inflation stabilisée, la Fed va relâcher sa politique monétaire. C’est le fameux « pivot », que les investisseurs espèrent depuis plusieurs mois. Cette stratégie consisterait à ce que la Fed abaisse rapidement son taux directeur car dans leur esprit, cela doperait rapidement les marchés. Or, si la Fed pivotait, elle ferait une énorme erreur de politique monétaire car ce faisant, elle provoquerait une résurgence de l’inflation.

Conclusion : Il faut que les investisseurs intègrent que les banques centrales vont entrer dans une période de taux d’intérêt élevés quitte à pousser les économies dans une récession.

Cet environnement sera marqué par un ralentissement de l’activité, des prix élevés et une dégradation de la solvabilité des banques, les entreprises risquent, dans les prochains mois, de voir leur chiffre d’affaires, marges bénéficiaires et les bénéfices se contracter, ce qui se répercutera pour les investisseurs par moins de dividendes et une moindre progression (voire même un recul) des cours des actions.

Au total, l’incertitude sur l’évolution de l’inflation, sur jusqu’où les banques centrales iront pour l’enrayer et les risques géopolitiques pourraient réduire l’appétit pour le risque des investisseurs et entraîner plus de volatilité.

Obligations : Plus attractives ?

Bien qu’elle s’est assagie, la volatilité des obligations s’est affaiblit sur ces dernières semaines.

Obligations gouvernementales plus attractives : les obligations américaines, dont les rendements à 10 ans évoluent entre 4,2 % et 3,4 %, profitent d’une dynamique plus favorable de l’inflation. En ZE, le portage est positif. Toutefois, les taux directeurs, notamment en zone euro pourraient encore augmenter afin de freiner l’inflation.

Crédit : En Europe, les obligations d’entreprises sont plus en avance sur les risques relatifs au ralentissement (pertes de CA, de Bénéfice, de crédits plus chers, etc.) que les actions.

Renforcer les protections

Le fait que la Fed n’ait pas changé sa politique monétaire en relevant une fois de plus son taux directeur et le maintenant, durant plusieurs mois encore, sur un niveau élevé, conforte notre position prudente des mois précédents. De fait, nous répétons que nous n’adhérons pas à cet excès d’optimisme qui se diffuse sur les marchés financiers. En effet :

  1. L’inflation s’avère inquiétante. Ainsi, dans la zone euro et aux USA, on note que le CPI (Indice des Prix à la Consommation) recule légèrement, mais en même temps, l’inflation sous‑jacente augmente. En même temps, en Grande Bretagne, la Banque centrale a, après une pause, dû battre en retraite et relever son taux directeur.
  2. Même si l’économie mondiale résiste, la probabilité d’un ralentissement sur la seconde moitié de l’année augmente.
  3. Le rally des marchés actions qui a démarré fin septembre 2022, est maintenant essoufflé, notamment en Europe avec une progression de 27 % et les valorisations aujourd’hui sont chères.

Dans ces conditions, il faut protéger les portefeuilles. Aussi, nous réduisons le poids des actions à sous‑pondérés dans nos portefeuilles et restons neutres sur les obligations.

Actions

Nous modifions nos positions de la poche actions. Après les fortes performances des actions européennes, nous diminuons leur poids à sous pondéré. Nous maintenons à sous‑pondérées les actions américaines et les japonaises à neutres. Enfin, nous maintenons la surpondération des actions émergentes.

Obligations

Nous maintenons une sensibilité prudente des portefeuilles pour chacun des profils : le dynamique, l‘équilibre et le tempéré. Nous faisons un seul changement ce mois :

  • La poche des obligations gouvernementales reste à neutre. Les obligations européennes, américaines et chinoises restent à neutres et les obligations émergentes à sous‑pondérées.
  • Revenues sur des valorisations raisonnables, les obligations d’entreprises de la zone euro Investment Grade sont attractives tandis que les High Yield restent à neutres. Pour les américaines, les obligations HY restent neutres et celles IG rétrogradent à neutres. Nous maintenons la surpondération des obligations indexées inflation de la zone euro.

Valeurs refuges

L’or reste à surpondéré. Enfin, nous maintenons le dollar à neutre et surpondérons le Yen (vs neutre).



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