C’est une figure de danse popularisée par Michael Jackson. Son origine remonte au temps du célèbre mime Marceau, qui l’aurait lui-même apprise de son professeur Étienne Decroux. Ce mouvement de danse, très « stylé », de pas glissés vers l'arrière au ralenti, tout en donnant l’impression de marcher, illustre bien la posture actuelle du président américain vis-à-vis des droits de douane et des pressions sur la Fed.
Rassurer les investisseurs et faire rebondir les marchés
Dans un premier temps, il sème la tempête sur les marchés avec des tweets et des décrets. Dans un deuxième temps, il décide de temporiser ou de modifier son phrasé sur un média quelconque. Cette annonce rectificative peut également provenir des autres membres de son administration. Notamment par la voix ou les écrits du secrétaire d’État au Trésor Scott Bessent.
Ce dernier a beaucoup agi ces deux dernières semaines pour rassurer les investisseurs et faire rebondir les marchés actions et obligataires. Son dernier slogan choc a été « l’Amérique d’abord ne signifie pas l’Amérique seule ».
Tout cela fonctionne pour le moment, mais pour combien de temps ?
Droits de douane réciproques et baisses irrationnelles des cours
La panique provoquée par le tristement célèbre tableau des droits de douane réciproques, présenté à la Roseraie de la Maison-Blanche lors de la soi-disante journée de la libération du 2 avril, avait abouti, après une semaine, à de fortes baisses et des cours irrationnels.
La meilleure illustration est le titre Alphabet. Son cours a atteint un plus bas annuel à moins de 141 dollars le 7 avril. C'est 15 fois le bénéfice par action anticipé pour cette année.
Les solides résultats du 1er trimestre publiés hier, affichent une croissance sur un an de 12% des revenus. A plus de 90 milliards de dollars et de 20% du résultat opérationnel, supérieur à 30 milliards de dollars. Ceci démontre la solidité de l’entreprise dans cet environnement si incertain.
Rassurer les actionnaires
La progression de 28% des revenus dans le cloud et un nouveau programme de rachat d’actions de 70 milliards de dollars ont rassuré les actionnaires. Il est important de noter que le géant californien a également maintenu son immense plan d’investissements de 70 milliards de dollars. Rassurant sur les craintes d’une baisse des dépenses dans l’intelligence artificielle, après le choc de la révélation du modèle à bas coût du chinois DeepSeek.
Certes, il est illusoire d’espérer revoir, tout prochainement, le titre Alphabet coter sur ses plus hauts historiques de 207 dollars de janvier dernier. Il existe actuellement trop d’incertitudes pour mesurer l’impact favorable ou non des divers changements qui interviendront ces prochains mois. Une nouvelle frénésie d’achats pour les valeurs américaines est donc, selon nous, exclue. Et ce, tant que la hache de guerre ne sera pas enterrée, ni le calumet de la paix fumé avec tous les dirigeants des autres nations.
« Une marche contre le vent » du mime Marceau
En réalité, la posture actuelle de Donald Trump ressemble plus au mouvement révélé en 1953 par l’artiste français, qui consistait à faire du surplace tout en donnant l’illusion d’avancer, qu’à celle du roi de la pop, qui, lui, reculait.
Rassurer - temporiser - mais ne pas céder
Dans les faits, le locataire de la Maison-Blanche laisse espérer la signature de nombreux accords commerciaux plus favorables aux États-Unis. Mais moins avantageux pour les autres pays que ceux en place actuellement. Au bout du compte, il temporise mais ne cède pas grand-chose. Le commerce mondial devra donc vivre sous la contrainte de tarifs douaniers plus élevés, même s’ils s’avèrent plus légers que ceux redoutés lors des annonces initiales.
Les marchés devraient rester volatils
Une modification des échanges et des investissements aura bien lieu. C’est tout le paradoxe : le marché monte dans l’espoir d’une phase de désescalade. Même si la croissance mondiale sera moindre ces prochains trimestres. C’est pour cette raison que dans cette période inconnue dans l’histoire moderne de la finance, nous ne céderons ni à la panique, ni à l’euphorie.
Les marchés devraient rester volatils ces prochaines semaines. Ils évolueront en fonction des nombreuses bonnes et mauvaises nouvelles diffusées quotidiennement, sans dessiner une réelle tendance haussière ou baissière. Dans cette configuration particulière, acheter des titres de qualité dans les phases de baisse et revendre dans les phases de rebond ceux du portefeuille jugés plus fébriles, nous semble être la stratégie la plus appropriée.
De surcroît, même s’il est encore trop prématuré pour tirer une conclusion de la saison des résultats, qui vient de débuter, les accidents sont peu nombreux. Et le consensus devrait être battu pour la grande majorité des entreprises de la cote. C’est un facteur de soutien face à cet environnement incertain et inédit depuis la première moitié du XXème siècle.