S'inscrire à la Newsletter

« Ma chine » arrière toute (Auris Gestion)

30/04/2025

L'analyse hebdomadaire d'Auris Gestion par Romane Ballin, gérante obligataire, au 29 avril 2025.

Le Wall Street Journal résume avec justesse le revirement de situation de la semaine dernière : « Trump trouve son maître : les marchés ». Bien qu’il affirme accorder peu d'importance aux réactions boursières, le président américain a manifestement été ébranlé par la récente panique qui a secoué les actifs américains au point d’intervenir (avec succès d’ailleurs…) : le dollar s’est renforcé face à l’euro, le 10 ans américain est reparti à la baisse (-9 bps la semaine dernière) et les indices actions ont rebondi (+4,59% pour le S&P 500). Pour calmer les esprits, Donald Trump a d'abord infléchi son discours sur la guerre commerciale, évoquant une possible désescalade. Les Etats-Unis seraient ainsi ouverts à une discussion bilatérale avec la Chine afin de réduire les droits de douane à condition que celle-ci baisse aussi les siens en amont des discussions. Concrètement, selon plusieurs sources, l’administration Trump envisagerait une diminution des droits de 145% à 50-65% ! Reste à savoir si de véritables négociations ont été entamées : S. Bessent, qui a rencontré des représentants chinois en marge des réunions du FMI à Washington, a déclaré n’avoir pas abordé la question des taxes. Deuxième sujet qui alarmait les investisseurs : le dossier Powell. Là encore, Donald Trump a tenté de rassurer, affirmant que J. Powell irait au bout de son mandat en 2026 et que ses critiques visaient avant tout un manque de réactivité, non son poste. La Fed reste donc indépendante et ce malgré les injonctions du président américain à baisser les taux. L’institution maintient le cap avec prudence, qui reste le maitre mot d’après les banquiers centraux régionaux. Plusieurs interventions publiques ont rappelé la nécessité de ne pas agir précipitamment, au risque d’amplifier les tensions inflationnistes générées par la guerre commerciale. Toutefois, si le marché du travail venait à se dégrader fortement alors des actions différentes pourraient s’imposer.

En Europe, l’administration Trump a, paradoxalement, simplifié la tâche de la BCE. Le scénario s’éclaircit : risque de désinflation face à la hausse de l’euro, potentiel afflux de marchandises chinoises bon marché et ralentissement accru de l’activité du fait des tensions commerciales. Les économistes du FMI ne prévoient d’ailleurs plus que 0,8% de croissance pour la zone euro en 2025 contre 1% précédemment et les récentes enquêtes PMI confirment cette tendance. Les indices préliminaires d’avril ont envoyé un signal négatif avec un recul des nouvelles commandes qui présage d’un ralentissement de l’activité. À court terme, la production industrielle reste solide, mais cette vigueur est en partie attribuée à l'anticipation de nouvelles barrières douanières. Dans ce contexte, certains banquiers centraux, notamment O. Rehn et P. Lane, étudient l’hypothèse d’une baisse significative des taux directeurs de 50 points de base dès la réunion de juin ! Si le consensus se situe davantage autour d’une baisse de 25 bps, la communication des responsables de la BCE vise clairement à démontrer leur capacité d’intervention en soutien à l'économie.

Enfin, sur le front diplomatique, on notera que de hauts responsables de l'administration américaine ont pressé dimanche la Russie et l'Ukraine à parvenir à un cessez-le-feu dans la foulée du tête-à-tête entre Donald Trump et le président ukrainien samedi au Vatican. Tous deux ont confirmé leur volonté d’aboutir à un accord, la balle semble désormais être dans le camp de Moscou pour y parvenir…



Zoom Invest est la plateforme dédiée aux conseillers en investissements financiers. Ils y retrouvent l’actualité des marchés financiers, des produits, du patrimoine et des acteurs de la Finance. Les informations disponibles sur le site ont un caractère exclusivement indicatif. Elles ne constituent pas une incitation à investir et ne peuvent pas être considérées comme des conseils d’investissements. Elles ne représentent pas non plus des offres de produits ou de services pouvant être assimilés à un appel public à l’épargne, ni à des sollicitations à l’achat ou à la vente d’OPCVM ou de tout autre produit d’investissement. Zoom Invest ne saurait être tenu responsable de toute décision d’investissement fondée sur une information mentionnée sur le site.