Les sociétés ayant lancé leur transition peuvent réellement créer de la valeur pour les actionnaires selon Peter Rawlence, Senior Investment Manager, et Duncan Downes, Senior Client Portfolio Manager chez Pictet Asset Management.
Malgré les vifs débats sur les mérites des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour l'investissement, il s'avère que la transition vers un avenir durable offre une formidable opportunité aux entreprises de nombreux secteurs.
Qu’il s’agisse de réduire les émissions et les déchets ou de mettre au point des technologies propres innovantes et des solutions financières, il est primordial de soutenir les entreprises qui œuvrent activement à améliorer leur impact. Pour les investisseurs, il ne s’agit pas uniquement de limiter les risques, mais également de favoriser l’émergence de nouvelles sources de croissance, de rentabilité et d’optimisation des rendements pour les actionnaires.
Les entreprises qui opèrent cette transition peuvent également profiter d'une revalorisation, ce qui en fait des opportunités d’investissement attrayantes.
C’est précisément l’approche adoptée par notre stratégie Positive Change. Positive Change étant un fonds d’actions mondiales, il est conçu pour capitaliser sur les entreprises de qualité qui stimulent la transformation vers une économie plus durable ou en bénéficient.
Ces trois dernières années, nous avons construit un portefeuille équilibré et diversifié composé de société qui peuvent créer de la valeur grâce à l'amélioration de leur impact, en collaborant étroitement avec leurs équipes de direction pour encourager des pratiques durables.
Notre engagement pousse ces entreprises à créer une valeur tangible pour les investisseurs dans le sillage des progrès affichés par leur transition.
Marges en hausse
Prenons l'exemple d’un de nos investissements: Carlisle. Ce fournisseur américain de produits destinés aux toitures et à l’isolation améliore les performances thermiques et l’efficacité énergétique, ce qui contribue à réduire les factures énergétiques. La société estime que ses produits pourraient permettre des économies de 20 milliards de dollars américains sur toute leur durée de vie(1).
Nous nous engageons auprès de Carlisle pour la réduction des déchets, en travaillant avec eux afin de trouver des moyens de mieux recycler, réutiliser et reconditionner. Selon nous, ces initiatives peuvent directement profiter à la fois à l’environnement et aux résultats de l’entreprise. Après tout, chaque tonne de déchets évitée constitue une économie.
La société s’est engagée à éviter l'envoi de 2 millions de tonnes de déchets vers des décharges d’ici à 2030, multipliant ainsi par deux son objectif initial. Au cours de la dernière période analysée, l’entreprise a généré plus de 16 millions de tonnes de déchets(2).
Qui plus est, elle a récemment lancé des produits d’isolation haut de gamme tels que son Polyiso Eco fabriqué à partir de 5% de matériaux biocirculaires. Les prix de ces derniers sont plus élevés car les clients apprécient la contribution qu'ils apportent à l’obtention de certifications environnementales des bâtiments.
L’utilisation de matériaux recyclables limite surtout la dépendance aux carburants fossiles, ce qui permet de réduire les coûts et de protéger les marges contre la volatilité des prix du pétrole. Nous avons là un exemple clair montrant comment une amélioration de la circularité créant une valeur tangible pour Carlisle et ses investisseurs.
Williams est un autre exemple d'engagement ciblé auprès des entreprises pour des résultats positifs. Cette entreprise américaine de gazoducs joue en effet un rôle essentiel dans la modernisation de l’approvisionnement énergétique.
Les fuites de méthane représentent un coût caché majeur pour le fonctionnement de l’entreprise. C'est ce que les économistes ont appelé une externalité.
En diminuant les fuites de méthane, Williams minimise non seulement les dommages environnementaux, mais conserve également plus de gaz disponible à la vente.
La société enregistre déjà de solides progrès dans son parcours à long terme visant à réduire l’intensité des émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici à 2028. Elle a déjà supprimé 10% des fuites de méthane l’année dernière.
Impact positif et croissance des revenus
Une amélioration de l’impact peut également ouvrir de nouvelles sources de revenus.
Prenons l’exemple de HCA Healthcare, qui figure parmi nos trois premières positions depuis le lancement. La société, premier propriétaire et exploitant d’hôpitaux aux États-Unis, se distingue par son alignement stratégique clair sur les piliers sociaux des objectifs de développement durable des Nations Unies.
À travers le développement de son activité via des investissements dans des hôpitaux, des installations et des équipements, HCA accroît le nombre de patients pris en charge et améliore leurs résultats en matière de santé. La société a augmenté de 6 millions le nombre de patients pris en charge en 2024, ses revenus ont progressé de près de 9% et son résultat net de près de 10%. Ses décisions d’allocation du capital visent à la fois à améliorer son impact et à stimuler les performances.
Certaines de nos autres positions ont une approche identique. La société énergétique américaine Baker Hughes a lancé sa transition de l'exploitation pétrolière et gazière traditionnelle à des technologies propres innovantes telles que la capture du carbone et l’hydrogène. Elle vise 6 à 7 milliards de dollars de nouvelles commandes pour 2030 et des marges plus élevées sur ces nouveaux marchés des technologies propres.
Nous avons constaté que notre engagement aux côtés de la société de services financiers américaine Intercontinental Exchange a eu un résultat positif, puisqu'il l'a poussée à doubler la part de ses revenus provenant de produits énergétiques durables.
ICE a indiqué que les échanges ont atteint un niveau record sur ses marchés environnementaux au premier semestre 2025, et que la valeur notionnelle négociée l’année dernière a augmenté de plus de 1.000 milliards de dollars US, un seuil franchi pour la quatrième année consécutive(3).
Ses solutions novatrices pour l’échange de quotas d’émission devraient avoir un impact environnemental positif et augmenter les revenus de l’entreprise.
Réduction du risque ESG et amélioration des valorisations
Réduire les risques de gouvernance à travers une approche active peut également améliorer les valorisations.
Prenons par exemple, GFL, une société de gestion des déchets et de recyclage en Amérique du Nord. Il s’agit d’un acteur plus jeune et en croissance rapide dans le secteur, confronté à de nombreuses opportunités similaires à celles qui ont permis à Republic Services, Waste Management et Waste Connections d’enregistrer de solides performances au cours de la dernière décennie.
Pourtant, les actions de GFL se négocient à un prix nettement inférieur à celui de leurs homologues. Selon nous, cet écart est dû au risque de gouvernance étant donné que l’entreprise a tourné le dos à son état d’esprit historique axé sur le capital-investissement.
Notre engagement continu auprès de l’entreprise est centré sur le renforcement de ses structures de gouvernance. Nous attendons de notre partenariat et de nos échanges avec GFL qu’ils contribuent à abaisser progressivement les risques ESG et qu’ils profitent aux actionnaires.
Investir au-delà des leaders de l'ESG
L’investissement durable ne consiste pas uniquement à orienter des capitaux vers des entreprises déjà vertes ou excellant dans les domaines social et de la gouvernance.
Nous sommes convaincus qu’investir dans des entreprises, quel que soit le stade de leur transformation, et s’engager activement à leurs côtés pour accélérer le processus, devrait favoriser une évolution significative et positive de leurs pratiques, tout en générant des performances financières attrayantes.